De Deb Lewis

En réponse à quelques-unes des plaintes qui reviennent régulièrement selon lesquelles l'enfance se perd et que les enfants ont besoin d’utiliser leur imagination dans un environnement moins technologique, Deb Lewis écrit :

Je suis très reconnaissante envers la technologie qui me permet de regarder des comédies qui sont passées à la télévision il y a plusieurs années dans d’autres pays. Je suis devenue meilleure en regardant Eddie Izzard mimant des étudiants en échange linguistique se faire tirer dessus avec des tubas.

Je n'ai aucune idée si je n'ai jamais tiré quelque chose d'un test, mais je sais que jouer à Xena Warrior Princess m’a donné envie d’apprendre comment frapper fort, vite et en tournant et m’a beaucoup inspirée pour apprendre à faire un saut périlleux arrière sur le trampoline.

Je sais ce que les tests ont fait pour moi. Ils m’ont montré à quel point je ne répondais pas aux attentes des autres.

Au sujet des enfants qui souffrent de la perte de leur enfance à cause de la technologie, je voulais dire que les jeux vidéo sont une évolution au niveau de la pensée et de l’imagination. Les gens qui les créent, les gens qui y jouent et les gens qui les maîtrisent utilisent tous leur imagination au même titre que les artistes, les musiciens et les meilleurs scientifiques.

Le bonheur et l'émerveillement de l’enfance définis comme le temps passé dans le bac à sable est le discours naïf et simplet des experts. Asseyez-vous toute la journée dans le bac à sable en imaginant des mondes et vous devrez encore rentrer pour entendre « mange tes légumes, pas de cookies pour toi et tais-toi et va au lit ». Peut-être que le temps passé dans le monde du bac à sable permet plus facilement de supporter le reste, mais les jeux de tirs à la première personne rendent les choses bien plus faciles à supporter et on n’a pas de sable dans les fesses.

L’imagination de Dylan s’est emballée quand il a vu son premier film de monstres. Des monstres ! Des gars en costume de monstre. Ça existe les costumes de monstre ? Des trains en modèle réduit, des rails en modèle réduit, des villes en modèle réduit, des tanks et des soldats en modèle réduit. Des papillons de nuit géants. Des tortues qui volent. Quand il avait 4 ans, il m’a dit « Maman, tu veux regarder Gammera ? Des tortues qui volent ! Tu ne vois pas ça tous les jours ! » Et c'est bien vrai, on n'en voit pas tous les jours.

Et quand il a vu l’animation de Ray Harryhausen, le défilé des monstres d’argile dans notre maison était génial et époustouflant.

Quand il a joué à son premier jeu sur la Playstation, son esprit allait si vite qu’il n’avait pas le temps de s’habiller. Comment on tue le dragon ? Comment on peut passer le troll sur le pont ? Comment on bat le Cyclope ? Est-ce qu’on peut vraiment envoyer une vache dans une catapulte ? Tous ceux qui pensent que ces choses ne sont pas source d’inspiration et demandent de l’imagination manquent trop d’intérêt et d’imagination pour y penser vraiment.

Le jeu de bac à sable préféré de Dylan c’était de faire un trou de la taille et de la forme de son corps et, toujours dedans, il mettait le tuyau d’arrosage dedans, remplissant le trou (et ses habits) avec l’eau. Peut-être que dans certaines familles cela n’aurait pas été le jeu à faire dans le bac à sable. Peut-être que seuls les camions-benne et les pelleteuses Tonka, les seaux et les pelles, les châteaux de sable auraient été jeux admissibles dans le bac à sable. Je crois que ça arrive souvent. Ils parlent d’imagination comme si c’était extraordinaire, mais ils n’aiment pas le mauvais genre d’imagination. Ils ne veulent pas que les enfants dessinent des ciels orange et des arbres bleus et de l’herbe noire. Ils ne veulent pas que les enfants utilisent les feutres pour faire les épines du porc-épic en argile. Ils ne veulent pas que les enfants mettent de la colle dans la paume de leur main et la pèlent quand elle est sèche. L’évidence de l’imagination est chouette aussi longtemps que c’est la bonne espèce d’imagination, pas gaspilleuse, pas trop sale, et dans le royaume de ce que les parents /enseignants /experts croient être la représentation de la réalité.

Ce qu’ils veulent dire par imagination c’est qu’un enfant va gentiment aller dehors ou dans une autre pièce et laisser ses parents ou les gens qui s’occupent de lui en paix, qu'il aura l’air assez heureux, et n’aura pas besoin qu’on paie trop cher pour qu’il s’occupe.

Deb Lewis


Traduit par Catherine Goudouchaouri

Révisé par Catherine Forest le 26 mars 2013.




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